Le crédit à la consommation en pleine mutation
- 24 avril 2018 |
- Catégorie : Actualité, Tendances, Évolutions |
- Auteur : Iohan Colarusso
Au cours de ces dernières années, le marché du crédit à la consommation s’est considérablement transformé. A l’origine de ce changement, la nouvelle limitation du plafond du taux d’intérêt mise en vigueur en 2016. Avec cette loi, la limite supérieure du taux d’intérêt est passée de 15% à 10%. Ce, dans le but de prévenir le surendettement. Depuis, les banques prétendent toutes à un crédit toujours plus bas. Découvrez l’évolution du marché depuis 2015.
Toujours plus bas
Si seulement trois banques ont dû réduire le plafond de leur taux d’intérêt, toutes ont opté pour la stratégie du taux le plus bas possible. Avant la mise en vigueur de la limitation, les taux minimaux ne descendaient pas plus bas que 5.9%. Aujourd’hui, nous constatons une vraie tendance à la baisse. En 2017, la plupart des banques qui font du crédit à la consommation proposaient des taux minimaux aux alentours de 4.5%. Le taux minimal record étant à 3.9%. Cependant, si les taux minimaux sont plus bas, le taux moyen vendu se trouve plus haut. Seulement 15% des demandeurs de prêt obtiennent des taux entre 4.5% et 6.9%. Et plus de la moitié des consommateurs obtenaient un taux entre 9% et 9.95% entre juillet 2016 et fin 2017, baissant ainsi de 3 points par rapport à la moyenne avant la nouvelle restriction mais restant très près du plafond imposé. Aujourd’hui, nous constatons une nouvelle baisse. La moyenne se situe actuellement entre 6.9% et 8.9%.
Où compenser?
La baisse drastique des taux implique un rééquilibrage dans d’autres domaines. Les durées en mois se sont ainsi élargies ces dernières années. Auparavant, il était difficile d’obtenir un prêt sur une durée de 120 mois par exemple. Aujourd’hui, ce genre de durée est de plus en plus admis dans la pratique, générant plus d’intérêts. Cashgate, Banque Migros et BANK-now ont ainsi étendu le temps de remboursement jusqu’à 84 mois, contre 60 et 72 en 2015. Eny Finance et BoB Finance proposent, quant à elles, des durées allant jusqu’à 120 mois.
Il en va de même pour les montants. Les limites de 100 000 ou de 250 000 CHF se font de moins en moins rares, à l’image de Cembra qui est passée d’une tranche de montants entre 500 et 80 000 CHF en 2015 à une fourchette de 1 000 à 250 000 CHF.
Moins de surendettement
Pour le consommateur, ces transformations du marché n’impliquent pas moins de coûts mais plutôt moins de risques. Car si les taux sont plus bas, les durées de remboursement auront tendance à être plus longues, ce qui implique plus de mensualités. Toutefois, le risque de s’endetter est moins grand avec des paiements mensuels plus bas. Le ciblage des risques et des gains des clients est aussi facilité par la palette de montants plus large. D’autres lois décidées en 2016 contribuent à prévenir le surendettement. Les publicités agressives ne sont plus autorisées et le délai pour un droit de révocation a doublé, en passant de 7 à 14 jours. Les courtiers et les banquiers sont aussi maintenant, grâce au crédit responsable, tenus de prendre en compte les risques en cas d’imprévus financiers.